Leo Zelada (1970-), poète péruvien
Homo No Sapiens
Hier, j'ai parlé trop et ne suis pas parvenu à soulager ma douleur.
Je hais les mots. Depuis que je suis loin de ma patrie j'ai commencé
à parler plus. Bien que je pense communiquer moins.
J'ai passé la plus grande partie de ma vie en silence et désormais
je m'étonne de mon inhabituelle loquacité. La lune me rappelle à mon exil.
Ma tragédie innommée. J'écris quand tous dorment. La nuit est mon amante.
Comme un hibou myope je sors par ces rues vides de sens...
Je me pose dans le coin d'un bar. J'observe le scénario avec netteté.
Des personnages qui émettent des sons étranges avec la bouche.
Gestes faux et superficiels. Je ne me reconnais pas en eux.
Je suis si loin de tous. Je préfère la solitude des avenues à la compagnie
de mes semblables. Parfois, je ne me sens pas humain.
Traduit de l'espagnol par E. Dupas