Mary Stanley (1918-1980), poètesse néo-zélandaise
La Veuve
Irréfractable, par le feu endurci,
tempéré par la glace, cet amour que je lui porte désormais,
puisqu'il est mort, accablé au delà de tout confort ,
inaltérable comme la loi, cet amour ne grandira
ni ne diminuera plus. Le Temps mon catalyseur a taillé
cette pierre qu'aucune intempérie n'érodera,
qu'aucun courant ne polira jusque l'anonymat. O violée
brisée, aveuglée, elle fut un jour verdoyante; la flamme
de la sève s'éleva pour un baiser, et les baisers combattirent
pour mourir d'une autre mort que celle qui le frappa
d'une balle perdue dans la guerre. Quel poids
d'années et de terre l'arbre vivant fait pierre
a rétréci mes flancs qui se refroidissent, allaité des fantômes
importunant chaque nuit mes seins aplatis.
Traduit de l'anglais par E. Dupas