Mary Stanley (1918-1980), poétesse néo-zélandaise
Recenser la perte perpétuelle
Automate dont le geste raidi écrit
des notes aux visages, rien n'échappe à ta main.
Un doigt irresponsable comme le vent
ou l'eau estompe toute trace
de l'image aimée rendue finalement anonyme.
Plus légèr que la poussière, le baiser dont on se souvient est perdu
à jamais sur la lèvre de la chance. Par le changement
le coeur migrateur est tourné vers de nouvelles
préoccupations; heure par heure, acte
par acte. Ce contrepoint du souffle supprime
le passé, vide l'écho de l'oreille.
Quel miroir, quel cristal hiémal pourrait recenser
la perte perpétuelle, frotter mes yeux jusqu'aux larmes
par la séparation ? Ce Je, je fus, n'est pas seulement
vieilli par les ans, il rejette la jeune fille
que je ne voudrais pas reconnaître
et dont les illusions
devenues trop maigres avec l'usage
ne sont d'aucun secours pour répondre à
la froide et irréfutable logique de la mort.
traduit de l'anglais par E. Dupas