Paul Verlaine (1844-1896)
Je suis plus pauvre que jamais
Je suis plus pauvre que jamais
et que personne :
mais j'ai ton cou gras, tes bras frais
ta façon bonne
de faire l'amour et le tour
leste et frivole,
et la caresse, nuit et jour,
de ta parole.
Je suis riche de tes beaux yeux,
de ta poitrine,
nid follement voluptueux,
couche ivoirine
où mon désir, las d'autre part,
se revigore
et pour d'autres ébats repart
plus brave encore...
Sans doute tu ne m'aimes pas
comme je t'aime
Je sais combien tu me trompas
jusqu'à l'extrême;
Que me fais puisque je ne vis
qu'en ton essence
et que tu tiens mes sens ravis
sous ta puissance ?