Quesnoy sur Deule
Voici le petit trou
où, futile, je naquis.
Un village cru et roux
très morne paradis.
là ce modeste point
dans le plat loess de Flandres
qui est, sans faire de foin,
comme les autres à attendre
A l'origine, vague cercle
de chêneraies, vague hameau.
On y vécut dix siècles
entre pillages et credo.
Vint le temps des péniches,
Des industries volubiles
qui firent du hameau chiche
une orgueilleuse ville.
Mais les teutons belliqueux
en quatorze bombardèrent
si "stark" et si bien que
l'opulence tourna poussière.
La France, bonne fille,
se fendit d'un monument
et de quelques béquilles.
Le trou survécut, bon an...
Des décennies passèrent,
et leurs malheurs, et leurs rois.
Puis, tout ce naguère
devint le présent pour moi :
Des bouges de brique
petitement agglutinés
que les aubes obliques
persistent à illuminer.
Le ciel bas y craçine
ou drache, imperturbable.
On y courbe l'échine
dès l'âge du port de cartable.
Deux trois rues soumises
peuplées d'hommes salariaux.
Chacun fait à sa guise,
il y a les doux, les brutaux.
quatre usines rétrécies
ou gentiment sclerosées.
Ca vivote et ça prie,
c'est parfois doux la pauvreté !
L'humble, le vieux canal
glisse, et s'abreuve de Pluie
pour que tant bien que mal
coule, coule la Vie.
par le temps des hivers,
il tombe des soupçons de neige.
Le quidam lors se terre,
avec au coeur le perce neige.
Au printemps triomphant,
reviennent les hérons hautains.
Ils vous toisent des trédents
avec des airs puritains.
Quelques rudes galopins,
au beau milieu de l'été
courent au champ comme lapins
on croit le temps arrêté.
Une blonde perchée
une folle, sur les tuiles
fume en longue bouchée
De l'herbe qui vient de Lille..
Le soleil peu à peu
atténue son bel effort.
les arbres miséreux
s'effeuillent et se mordorent.
Les vieilles du Quesnoy
savent l'automne des êtres
Un dernier signe de croix
la Mort toque à la Fenêtre...