Joséfina Pla (1903-1999) : l'infatigable reine des lettres paraguayennes
Poètesse, dramaturge, conteuse, essayiste, mais aussi céramiste, critique d'art et journaliste, Josefina Pla mena son activité littéraire et artisitique sur tous les fronts
jusqu'à son dernier souffle. Bien qu'espagnole de naissance, son nom et son oeuvre sont totalement identifiés à la culture paraguayenne du 20ème siècle, dont elle demeurera l'une des plus grandes
figures. Son oeuvre qui aborde le champ de la création littéraire, l'histoire sociale et culturelle du Paraguay, la céramique, la peinture et la critique d'art a fait d'elle la référence
culturelle la plus fondamentale et irremplaçacle du siècle passé dans ce pays. Le site Racbouni tient ici à rendre justice à cette immense écrivaine parfaitement inconnue du public francophone,
privé de traductions et qui s'est trop souvent borné à ne s'intéresser qu'aux Prix Nobel d'Amérique Latine.
Installée à Asuncion à partir 1927, Josefina Pla a dédié sa vie entière au développement artistique et culturel du Paraguay. Elle fit des incursions réussies dans tous les genres littéraires et
collabora avec d'innombrables publications locales et étrangères. En guise d'hommage mérité pour son travail, L'université nationale du Paraguay, son pays d'adoption, lui attribua le titre de
"Docteur Honoris Causa", une distinction s'ajoutant à d'autres qu'elle collectionna légitimement dans les dernières années de sa vie (Dame de l'Ordre d'Isabelle la Catholique (1977), Femme de
l'Année du Paraguay (1977) Médaille du Ministère de la Culture de Sao Paulo (Brésil, 1979), Trophée Ollantay du CELCIT pour son oeuvre théâtrale (Venezuela, 1983) "Membre Correspondante de
l'académie Royale espagnole d'Histoire (Espagne, 1987), etc.
Avec plus de soixante ans d'intense et fécond labeur créatif et critique, et la publication de plus de 50 livres, nous nous bornerons à mentionner quelques uns des titres les plus représentatifs
de son immense bibliographie. En matière de poésie se détachent ses recueils " Le prix des rêves (1934)" son premier ouvrage du genre, La racine et l'aurore (1960), visages dans l'eau (1963),
invention de la mort (1965), la poussière amoureuse (1968), lumière noire (1975) et quatre ouvrages plus récents: Tiempo y tiniebla (1982), Cambiar sueños por sombras (1984), Les 30 000
absents (1985) et La flamme et le sable (1987).
Sa production narrative inclue plusieurs recueils de contes parmi lesquels: La main dans la terre (1963), Le miroir et la corbeille canasto (1981) et La Muraille Volée (1989). En matière de
theatre, Josefina Pla fut la co-auteur--avec Roque Centurión Miranda-- d'oeuvres variées (Episodes du Chaco, 1933; Deshérité, 1942; et "Ici rien ne s'est passé", primé par l' Ateneo
Paraguayo en 1942) elle est également l'auteur de nombreux textes dramaturgiques: La cuisine des ombres, Histoire d'un numéro (1969) Fête sur le fleuve, primé par le concours de la Radio
Cáritas (1977). Quant à sa prolifique production d'essais et de critique, sortent du lot les titres suivants : Voix féminines dans la poésie paraguayenne (1982), La culture paraguayenne et
le livre (1983), dans la peau de la femme (1987) et Espagnols dans la culture du Paraguay (1985).
S'il est bien connu que Josefina Pla naquit dans l'île de Lobos, aux Canaries, en territoire espagnol, et qu'elle est la fille de Leopoldo Plá et de Rafaela Guerra Galvani, il
n'existe pas de certitude définitive concernant sa date de naissance. Les membres de sa famille les plus proches indiquent qu'elle serait née en 1903; l'érudit professeur Raúl Amaral, l'un de ses
biographes les plus reconnus affirme que la date exacte est le 9 novembre 1903.
Josefina passe son enfance et sa jeunesse dans diverses villes d'Espagne à la suite de son père, fonctionnaire en province. En 1924, Elle fait la connaissance à Alicante de l'artiste paraguayen
Andrés Campos Cervera (plus connu sous le pseudonyme Julián de la Herrería) En 1926 elle débarque au Paraguay et s'établit dans le quartier Villa Aurelia puis dans le centre de la capitale,
Asunción. De la même année datent ses premières incursions dans le domaine artistique, qui sera sa patrie d'adoption. Elle présente ses ecrits à la revue “Juventud”, qui est la tribune nationale
de la generation des escrivains postmodernes. Jusqu'en 1938, elle voyage plusieurs fois en Espagne, collabore à des revues et périodiques avec forces poèmes, articles et autres textes
littéraires. Son mari décède en 1937;
à son retour au Paraguay, un an plus tard, Josefina devient une des figures capitales du mouvement de rénovation littéraire paraguayen, particulièrement en matière de poésie. Dès lors, elle se
consacre à une intense et démesurée activité de journalisme,d' écriture et d'artiste plasticienne, qu'elle poursuivra jusqu'à la fin de ses jours. Elle sera par exemple la fondatrice, au
début des années 1950, avec les brésiliens Joao Rossi et Olga Blinder du "Groupe Art Nouveau", moteur des plus grandes innovations en arts plastiques au Paraguay.
Tout au long de sa vie elle fut gratifiée de dinstictions, de prix et autres nominations prestigieuses, au point qu'il serait fastidieux de les énumérer exhaustivement. Les plus importantes
furent néanmoins : Dama d'honneur de l'ordre d' Isabel la Catholique (1977); membre de la Academia Internacional de Cerámique au sel à Genève; membre fondatrice du PEN Club Paraguayen ; el
trofeo “Ollantay” a la investigación teatral, de Venezuela (1984); la Medalla del Bicentenario de los Estados Unidos de América (1976); la nomination comme Conseillère du Vice Ministre de
la Culture du Paraguay; l' “Orden Nacional del Mérito” en el grado de Comendador, del gobierno paraguayo (1994);
Toutes ces distinctions récompensèrent son combat inlassable pour le respect des droits de l'homme, pour l'essor et l'enseignement de la culture et des arts et son apport considérable aux lettres
hispaniques. Auréolée de la considération et du respect des intellectuels et artistes du paraguay, d'espagne et du monde hispanophone, Josefina Pla décède à Asuncion le 20
janvier 1999.
Quelques poèmes de Josefina Pla en français :
Tout a commencé dans le miroir