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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 13:36

 

Jean sans Bras (le dit du distant)

 

 

Quels fols vous faites, hommes

de m'élever de me nourrir et m'esperer
brave et bon parmi vous
de vous acharner à croire que je pourrais vous être
d'une quelconque utilité d'un quelconque secours
que je m'apprete à mêler mes rêves aux votres

 

C'est à peine si je suis né
l'atroce parfum de vernix caseosa que je dégage
ne vous a t-il donc pas assez renseigné sur ma nature
et mes intentions ?

 

Je ne sais rien  ne peux rien
je ne veux rien savoir
ni n'ai rien à ajouter

ou à défendre ici

 

je ne fais que me faufiler en silence dans la foule cherchant
désépéremment une sortie dans la forteresse sans ponts levis

 

Faites donc  vos efforts levez vous matin
mangez, fabriquez, forniquez, produisez
bâtissez vos demeures, entretenez les
faites croitre vos champs, multipliez vous,
occupez les terres, conquérez en d'autres
soyez de plain pied dans vos calculs et vos expansions

 

je suis un sac de chair vide
un ventre muet qui vous observe
hagard, absent, montgolfière
qui n'attend plus que de s'envoler dans l'éther du néant
mais rivée encore au sol par la désolante pesanteur du vivre
pitié
ne me demandez rien
j'ai déjà tant de fatigue

à respirer l'air de ce monde.

 

 

 

 

 

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 13:33

 

 

Le Président (A Kim Jong Il)



otre grosse face violacée de haine malheureuse
Ce costume qui a enchâssé tout ce qu’il y avait de libre en vous
Le cruel nœud coulant de votre cravate
Cette queue de scorpion qui vous sort du ventre à l’improviste
Et qui darde à l’aveugle dans la viscosité ambiante
Vos insultes qui chaque fois pèlent les fiertés à vif
Vos baisers soigneusement écœurants
Vos coucheries de goules voraces
Votre ivresse malséante et baladeuse
Vos incursions venimeuses dans nos foyers si vulnérables

vos goûteurs qui meurent pour vous
Toutes ces têtes que vous arrachez à l’emporte pièce
Comme si vous étiez un fou sorti d’un ergastule
Où l’on vous aurait tanné jusqu’à la rage
Ces perpétuelles expectorations sur notre dignité
ce règne lancinant ces parades militaires
Nous autres peuple voyons à n’en rien dire
Nous nous en accommodons philosophes
Parce que nous savons bien que tout cela c’est par salubrité
Pour votre pauvre cœur gorgé de vitriol
C’est la malédiction du pouvoir

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 13:26

 

 

Supplication kazakhe

 

 

Oh chauffeur de ma vie

vite vite
voiturez moi jusqu'à la mort

 

hâtez moi ce soulagement intolérable

cette corvée sans trêve cette gangrène interminable
cette asphyxie qui ne va jamais jusqu'au bout
je n'ai déjà plus que 6 dents que 2 bras

et une bouche où ne passe plus qu'à peine l'air

 

Où est la jubilation ? où sont les rires où sont les lacs
qu'on m'avait promis ?

 

Est ce cela mon chemin, cette steppe stérile infinie
vierge de tout caravansérail
où le marchand de soie tourne en rond pour
disparaitre en silence dans la platitude lancinante
et muette des terres kazakhs?

 

oh et si je suis quelque chose dans cette histoire

c'est bien cette calebasse qui rebondit et cogne sans fin sur le
cul du chameau en marche

 

vite vite chauffeur de ma vie
trouvez les clés

voiturez moi jusqu'à la mort

 

 

 

 

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 13:22

 

 

Fumerie d'Opium (poème en forme d'impasse)

 


Méditer vous pèse
Etre est un sac de pierres
toute conscience ronge
tout pensée honnête est vulnérante


tout jette en pâture à l'angoisse
(minotaure dans le labyrinthe qu'est l'existence)
tout lucidité sur soi même est soleil acéré

et les supplices alternés
 du remords et du regret
 
 quiconque aura vécu vous le dira
 ou feindra de ne pas vous le dire
 et à mon tour je vous l'avoue

 

Mais on ne m'écrasera pas ainsi

 

aux grands maux les grands remèdes


Je suis allé au grand Royaume d'Imbécilité
où j'ai fait serment d'hébétude 

après avoir donné mon âme en caution

et comme tous mes bons camarades hébétés
nous sommes alités dans de vastes salons blancs
où nous passons de longues heures à fumer l'opium
en silence

contemplant des plafonds d'une blancheur immaculée

 

alors, peu à peu

je me déleste de mes méditations, de mon être,
de toute conscience,angoisse, pensée, regrets, remords,

je les expulse tous de moi en douces humées
en déridantes volutes
et enfin je me sens en paix de larve béate

 

Hélas à peine sorti des blocs
voilà que je m'effondre au premier pas
il faut alors revenir s'hébéter un peu plus au lit
mais l'effet de l'opium s'atténue semaine après semaine

le piège est clos tout le monde fume et fume
s'hébète jusqu'à l'extinction seul comme je suis
je me demande par quel miracle je pourrais
récupérer ma caution et quitter les lieux
jamais sans doute

 

 

 

 

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 13:17
   
    
Jeunes, ingambes, cérébrés et solides :
les voici sortis de l'Ecole.
Quelle imprudence ont eu les anciens
de  mettre ces monstres au monde
de leur donner si longtemps à téter
les longues mamelles du savoir et de l'oisiveté
d'avoir bâti pour eux ces préaus martiaux
ces grands parcs d'asphalte
et ces classes aux ornementations LOUIS 30
en eux La foi s'est liquéfiée
le gras du nihilisme a enseveli le sens de l'esprit
ils ne seront pas continuateurs !
 
jeunes, ingambes, cérébrés et solides :
au faîte de leur force, les voici
galopant dans la cité sur des destriers électroniques
qu'eux seuls savent chevaucher
bastonnant tous les vieillards sur leur passage
compissant les lois hennissant les leurs
donnant des coups de pieds dans tous les
échaffaudages si péniblement dressés
des chantiers en cours dont ils n'ont tous que faire
ils saccagent nos symphonies
fourrent leurs doigts dans tous les tabous
forniquent sur les autels
défèquent sur vos cathédrales comme sur vos espoirs
en eux tout le lait ingurgité s'est changé en acide caustique
ils vous le recrachent maintenant au visage
i
ls ont décidé pour l'heure de haïr
vos pyramides inachevables
auxquelles il manquait tant de briques encore
et dont vous espériez tant
et bien qu'ils vous étranglent désormais à pleines mains
ils considèrent que c'est vous qui les étranglez encore
du haut de votre âge
c'en sera bientôt fini car vous êtes trop vieux trop débiles
mais leurs enfants réactionnaires vous vengeront
dans un bain de sang que le plus radical d'entre vous
n'eut jamais osé rêver
 
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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 12:25

 

  

Ce qu'il me faudrait

  

 

Ce qu'il me faudrait
pour enfin bousculer ce monde

un bon trousse-galant
qui me dégommerait là, tout cru
 au sortir de mon gourbi

une fiente d'oiseau tranchante
qui me décapiterait mieux
qu'un pot de géranium lâché du 5ème

Mais non,

 tout cela n'arrivera pas

humains pierres arbres oiseaux univers

tous sont de mèche avec le proprio

pour que je paie, paie, paie, et paie
 mon loyer

et voilà pour ma pauvre vie

parce que c'était à moi de sortir l'opinel
le premier

 

 

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 11:54

 

Elle aura jailli

 

 

Elle aura jailli de ces planètes aux geysers de sang


à des années lumières de violence


de ta petite galaxie de plaisantins

où rien de décisif ne germait jamais

parmi les étoiles infécondes

 

météore sérieux de la volupté
venu s'écraser en un cratère fumant d'étincelles

au beau milieu de tous les stériles labours
de l'astre noir et mort de ta paresse narquoise
de paysan qui ne regardait pas assez l'espace

 

ravageant jusqu'au plus profond
des terres arables de ton incurie solitaire

venue pulvériser cette dérive si quiète
où tu te laissais porter vers le néant affable

 

et tu mentirais si tu n'avouais

pas qu'
        elle
             sera
 
          la très haute catin

 

qui comblera tous tes appétits de chien indéfendable
jusqu'à la nausée érotique
jusqu'au delà des espérances les plus insanes

par le foudroyant miracle de l'union

 

et que tu ne jureras plus en ces saisons d'astres secs
 à ton horizon mort

 

que par ces flaques de longs cheveux où elle condescendra
à te laisser fouiller la vase en vérotier amoureux,

 

que par ses seins frais comme le kos
et ses yeux oasiens
où tu lanceras chaque nuit ton seau désespéré.

 

et elle mentirait si elle n'avouait
que Tu seras la belle la pauvre et l'insondable brute qui
comblera ses appétits
par ta naive croyance en la conquête
et ta domination ehontée

.

Tant lui plairont tes épaules de colosse insûr
où elle ravira les pans de son soleil
et la mie de ta nuque qui régalera sa bouche de lune.

 

et tant te plairont ses folles hanches de donzelle
plus vespiforme que les nymphes les plus guêpes,

 

et tant te plaira cette couche qu'elle surpeuplera à grands
frais voluptuaires,

 

et tant lui plaira le volume de ta chair qu'elle mordra à un
point plus que cannibale

 

ton dos puissant de lion indocile

 

ton bras sauvage de singe avide

 

ton lourd sommeil de sanglier abattu

 

et la condamnation sans trêve
au doux pal de ton sexe,

 

et les si salubres prairies vulpines
où tu t'égareras chaque jour plus profondément,

 

et tant te plaira la battre et la répudier
quand tu n'auras plus
un mot dans la besace de ta bouche
pour soutenir une conversation

 

et tant elle te fera à l'usure de ses griffes

 

 regretter, regretter si amèrement

 

ces désolations lunaires et drôles

 

où tu flottais comme la plus sereine des épaves

dans la stellaire imbécilité où ta mort ne faisait plus sens

 

mais ce sera bien fini

car le météore

sera fiché

jusqu'en ton noyau

 

et avec elle tu exploseras

 

 

 

 

 

 

 

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17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 12:13

 

 

 

Amérique du Nord, Centrale et Caraïbes

 

 

 

 

 

Et

Bel Isidore reprit :

«Le soir tombe sur la Louisiane. La Lune est un

assassin. Mares teintées de brumes de pétrole, à l’ondoiement glauque … Le vol du héron dura si longtemps dans les roseaux que le bayou se mit à lui faire la nique à ras… Goualante croa croa croa des crapauds dont les yeux perlaient à la surface… Libère, mue, des centaines de têtards !

Trois futiles

caïmans lézardaient à quai, becquetant et suçant les derniers morceaux de nègres noyés dans le Mississippi –cet égout à thème à la banane- car les os de ces damnés avaient un goût de canne à sucre qui agrémentait merveilleusement la sieste… Quant à leur sang grenat : du sirop !

Un puissant steamboat lourdement chargé de populace troubla soudain l’indolence des parages. Le ventru capitaine en sueur dans son

pyjama ichtyosé essayait de recracher une libellule qui lui titillait la gorge depuis des heures, et, grattant de son canif ses deux cents boutons de moustique, beugla :

« Saleté de bayou, on a dû accrocher quelque chose ! Bongo, sale petit nègre, j’ai l’impression que

la roue barlingue ! Va me vérifier la roue à aube ! »

Bongo le petit mousse noir unijambiste se traîna sur le pont de

guingois. Deux loupiotes aux mains, il alla tâter la machinerie et après examen cria :

« 

Anguille y a sous roche, capitaine ! C’est gâté la roue ! « 

Bongo qui craignait les remontrances estima bon de ne rien ajouter. Car non seulement la roue était fissurée, mais la moitié des containeurs de victuailles avait disparu.

« Sacré

larcin, Christ ! Off ! Et ni Eve ni Adam ne sauraient dire qui a fait ça ! »

Puis il grimpa faire mine de repeindre la

toiture qu’écaillait Ichabod, pélican goitreux et possession d’un passager anglais du genre pédant pété de fric.

« Premier

pas n’amasse pas mousse »

 

Convenaient sur ces entrefaites

Trinité et Tobagone,

Deux grosses

nanties gouailleuses et barbues, dadaises indiennes accoudées sur le ponton. La première était une squaw à la mamelle si laiteuse qu’elle avait fait tatouer sur son épaule : « mon sein vainc cent famines ».

L’autre passait le plus clair du temps à caresser son pied gauche qu’elle

récura, ah, ça, au moins trois mois dans l’étang, à la suite de quoi elle incuba un palud de tous les diables.

Au

bar, badinaient autour d’un poker Pierre et Blickdo, deux truands moustachus qui avaient fait fortune dans la pistache. Pierre avait épousé Nicaine, mulâtresse taiseuse, et Blickdo Nicole, une pianiste maigrelette à qui Marthe, inique duchesse en route vers la Nouvelle Orléans faisait de l’œil sans relâche depuis le zinc. La partie de cartes allait bon train.

Rapidement à court de dollars,

Blickdo mit Nicole en jeu, et Pierre se l’appropria sans sourciller, ce qui révolta Blickdo.

« L’enfoi

ré pue ! » Blickdo mit Nicaine en joue de son colt 45, et se permit de mettre enceinte Lucie, petite sœur de Pierre, à la vue de tout les passagers, y compris deux gentilles néerlandaises venues de Bâton Rouge que lutinaient avec des gants de satin quatre graciles vierges britanniques au style plutôt entreprenant.

« Ôtes tes

bas ! Amassons le fric ! » Intima Pierre à Nicaise, qui s’exécuta. Et ils foutirent le camp en douce par un canoë…

C’est en ces marais fétides

qu’amerrit Kévin Mac Nab et son hydravion rouge grenadine, mec si querelleur et buveur qu’il avait laissé derrière lui sa natale Ecosse tarie, quasiment exsangue (de whisky). Trapu, brutal, Kévin traversa tous les marécages de Louisiane et marcha dans le désert jusqu’à la gare de Silly Death, devant laquelle un garde barrière métèque enfoui sous un poncho qui se berçait sur une rocking chair lui lança :

« 

Aïe, itinérant ! Ici de tracas, nada ! Bienvenue !»

« Et cette

salve, adorable merde, c’est un tracas ? »

 

Kévin avait dessoudé le métèque façon Aberdeen, c'est à dire d’une balle dans la narine et l’autre dans le nombril. Il enterra grossièrement le cadavre basané, s’installa dans le rocking chair et commença à pignocher un burrito en se berçant devant le crépuscule.

 

Derrière un énorme cactus cierge, deux mexicains avaient tout vu, qui fixaient le meurtrier intensément :

 

« 

Porc ! Tôt, Rico et Montserrat se chargeront de toi ! ».

  



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17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 12:05
 
Océanie
 
  
  
"Savez vous la nouvelle ? Zèle endigueur, notre belle religion a maintenu les cargos hostiles derrière les remparts de corail.
Parce que notre archipel doit demeurer
claustral, ivre de ses fétiches, et préservé dans ses tons, galaxie océane recluse aux cent parfums entêtants ."

 

 

 

Ainsi parla aux guerriers sur la plage son excellence Moao'ahua, fardée des augustes bougainvilliers et du bouclier de coco qui fondirent son autorité . (...)
 
"Tout doux, tout doux, tout va,
tout va, loups des mers sales, homoncules scorbuteux, mes mignons galériens, tout va,"
le maître des rameurs dans deux micros, nez zygomare, en hamac criait en s'accompagnant du fouet incontinent dont le claquement sur les dos résonnait dans toute la soute métallique.
Au plus haut cocotier Moao'ahua s'agrippa
"Pouah ! Zicrones,zicrones que ces chiens des mers qui nous reviennent !" Tous les cribblèrent de flèches empoisonnées au venin de serpent de mer; lointain carnage flottant...
Mais un soir Hassam Mohammed
, le prélat des sables dans son boutre arriva, noua tous les destins dans son poing calleux, et depuis lors devant le péril marche, altier, à la tête de toutes les tribus  sur leurs atolls minuscules.
Quoi de plus bizarre qu'un Chameau au milieu de l'Océan ?
 
Quant aux blancs colons, ils arrimèrent ailleurs, évitant leur tré
pas là aussi, sur ce récif. Ils y versèrent le kir, y bâtirent leur église et mirent au défi djinns et requins. Leur Idole de marbre avait le scorbut, avait la gratte.
Las, de la chair des blancs puants L'incarnat
 aux roués autochtones fit envie :
ô leurs frag
iles cous qu'arrachèrent les casse-têtes à l'envi !
Elle en fut si
marrie, Anne, qu'elle épousa le premier venu.
 
Ni huée ni applaudie, dans la nouvelle cale hédoniste elle fut jetée avec les peloteurs sombres. Le troupeau dans l'obscurité péta, ityphallique, et lui laboura le destin.
C'est peu dire que dé
pite, cas, Ire nébuleuse, les Dieux notre comportement. Il nous faut un roi lisse, et fou, tout nacré d'insolence
et qui sans peur aille pêcher  dans la mer notre exacte liberté !

 

 

 

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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 18:35

 

desert03

 

Géomanies : Afrique

 

Ô Paix, 

riz très précieux dont les Dieux agréerent nos terres jusqu'à la plus fantastique opulence,

tu ne fus pas conçue pour ce continent.

Tu ne crûs que pour nous, les blafards.  Ou plutôt, tu crûs ici pour que l'on meure là bas de ton absence,

et comprenne que ce monde est le grand impassible.

 

Ô Paix, tu n'allas pas au delà de cette mer.

Tu voulus tes grains circonscrits en ce lieu précis.

Au delà, tu voulus la mort, la torture mystérieuse et ses mille maux ambigus.

 

La mort ! Y tanne, y tanne comme un sourd le grand bâton de l'ironie sur tous les dos des tribus

déjà zébrées d'esclavage parmi savanes, sables et forêts.

Malheur et Damnation sont les deux saouls danseurs qui mènent la triste ronde de ta destinée, Afrique !

Jamais tu ne pourras un jour récap (Vertement le Mal hystérique, le Mal à huit bras assomme, alite le narrateur, et assène, égal, le martyr sans alibi qui va aiguisant, biseautant les souffrances des troupeaux de chair d'ébène sous le ciel éternellement complice)

... Récapituler tes malheurs pour en faire le tri : continent calciné du martyr sans fin.

 

Les os totalement rongés par d'impudiques vautours, c'est encore trop peu pour vous nuées d'èbène  hâves

blotties dans vos masques dogons impuissants :

 

Robustes masaïs, pygmées subtils, pieux touaregs : vous voici enfin réunis dans le cloître de votre extermination

au ralenti : la mer vous a cerné, que tout concoure à vous immoler !

 

Maladies miasmes, marabouts de gie, boue, tigres, crocs, dents, dards

moustiques et Sida,

suprême Sida bourreau inexpugnable de l'intérieur hydre parfaite,

que ce vase si lent défèque sur vous le supplice !

 

Ingambes inutiles, enfants en loques, aux ventres gonflés de désespoir, guanges aux lagons de pourriture,

macchabées nimbés de mouches, dont les faucons gobent les yeux sans repos,

les pupilles, sèchent, elles, dans l'estomac des lycaons affamés,

et dans le fémur de vos vieux sages, vos fémurs étriqués gnaquent éperdues les hyènes épileptiques,

 

mille millions de gisants sur une terre gercée d'aridité,

plateau faisandé servi le jour à la gueule brûlante du Soleil,

la nuit aux dents de métal jerricane des étoiles crues,

 

amas, rocs tranchants des regs en constant regain de chaleur,

 

Afrique, afrique, je t'empalude,

je pends tes griots aux baobabs et réinjecte de la vie dans tes cadavres

pour reprendre plus soigneusement ton massacre,

pour l'approfondir encore,

allonge- toi grande dodue fatiguée, vénus hottentote vérolée, présente moi tes entrailles

que j'y ptérodactyle à plein bec dans les crânes ouverts de tes fils 

cervelles jeunes et exquises picorées jusqu'à la poussière des poussières,

 

et que les lacs ne libèrent, hyalins inacessibles, pas une goutte, pas une goutte de leurs larmes

pour humecter ton chagrin, et laisse la disette travailler à réhausser leur valeur.

 

Et si les lacs parlent ce ne sera que pour vous réduire tous au silence, lassés de vos gémissements.

 

Afrique, ma dague à scarifications n'est jamais repue de t'ouvrir, de te marquer, n'est jamais repue de ton sang

et de ta famine,

 

Marteaux, golems de glaise te martèlent en tous sens jusque l'apoplexie,

 

Allons debout, Afrique, debout ! Round dix de ton supplice !

 

Crève, craque, ploie, que te bâffrent les économiques enzymes ! Bas, bouées de tripes flottant en nuée

sur le fleuve de ton histoire de bouc émissaire qui paie les pots cassés par l'histoire du monde,

ton histoire qui est loin d'être finie, car l'addition est encore loin d'être réglée,

nous sommes encore très en deça du total, en deça ! Ô tomes époustouflants de ta douleur à rédiger des siècles

et des siècles,

 

et les Dieux seuls savent quels futurs dégâts nargueront ton agonie gériatrique et qui n'en pourra plus de cette éxécution interminable au cimetières des éléphants innocents !

 

Vanité que vous petits cénobites sauveteurs apitoyés de l'Eglise êtes venus répandre en ces pays exsangues,

votre Dieu n'est qu'une bonne femme aveugle, vos petits barrages de castors mystiques qui croient pouvoir retenir

les mégatonnnes de torrents sanguignolents que déverse la misère avec des poings creux et des missels

et des dispensaires dérisoires , petits cénobites retenez j'intime :

 

"Où gants, dars et mitrailleuses règnent en maîtres,

bure qui n'a, fat, sot, n'est plus bure et périt la bouche pleine de scorpions "

 

Ici Jésus termina mi-bique mi-lion à participer comme les autres au grand festin nécrophage

fol l'appétit des hippopotames, tant nézanies qu'avanies

 

et vous femelles rachitiques traînant sur les chemins sans buts dans vos boubous déchirés, le sein tari et les épaules pleines de marmots hagards :

que des tchadors d'épine vous enferment comme des vierges de fer !

 

et vous femelles moelleuses et rondes qui n'avez pas vue la faim vous encercler tandis que vous pilliez le manioc,

grosses alanguies nées pour multiplier le désastre,

grosses alanguies nées bis, tôt rient, haltes de volupté, vos vagins balafrés par la honte allez pondez, pondez

égorgez gorets publics, sang, trafic, haine,

monstrueux affres, hic du Sud effaré ,

Safari d'extinction, moignons bric à brac, heure où ne luisent plus aucuns sémaphores de liberté,

et jeeps aux roues en dalles d'acier écrasant des autoroutes d'yeux exorbités, de côtes d'ivoire en miettes,

et que les bottes soient naturelles au piétinement

pour que se perpétue (ni zyggourats ni mosquées n'y changeront rien)

la mécanique Céleste de tes menstrues de larves écoeurantes,

Ô reine et vierge Marie noire de l'Univers !

Ô reine et vierge Marie Noire de l'Univers, comble ton

appétit, hôpital honni gère l'apocalypse avec du miel sur les plaies béantes

 

Fais comme il te siéra léonine déesse : La Souffrance pour la souffrance ha !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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