Maurice Blanchard (1890-1960)
Poissons d'or
Las de regarder les esclaves, je me suis enfui vers les mers chaudes. J'avais erré dans la montagne, et puis dansé autour des feux de la saint Jean, et voici qu'une porte d'Azur s'ouvrait devant moi,telle qu'elle a jailli du volcan primordial, telle que la virent les Titans, telle que la force des choses l'a voulue, audacieusement voulue, audacieusement tracée, et j'ai franchi cette porte, les yeux baissés et le doigt sur la bouche, comme il convient d'honorer la grandeur.
Deux mondes si différents séparés par le tranchant d'une lame !
Je quittais le pays des crapauds pour la lumière et la purification. Enfin un ciel propre, enfin un sable blanc et non point de la blancheur des ossements, enfin la mer, la mer et ses joyaux aux couleurs changeantes.