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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 17:03

 Siegfried-Sassoon-copie-1.jpg

Siegfried Sassoon (1886-1967), poète anglais

 

 

Suicide dans une tranchée

 

J'ai connu un simple garçon soldat

qui souriait à la vie, d'une bête joie,

il dormait la nuit seul, à poings fermés,

et au matin avec l'alouette siflottait.

 

Dans les tranchées d'hiver, morose, efflanqué,

avec les obus, les poux, le rhum qui manquait,

d'une balle dans la tête, il mit fin à sa vie.

Et personne n'a jamais plus parlé de lui.

Vous les foules suffisantes, aux yeux pétillants,

qui jubilez quand les camarades soldats vont paradant,

rentrez chez vous, et priez que vous ne connaitrez jamais

l'enfer où la jeunesse et les rires s'en sont allés.

 

 

traduit de l'anglais par E. Dupas

 

 

 

 

 

 

 

 


 

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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 23:01

 

janis-rainis.jpg

 

Janis Rainis (1865-1929), poète letton

 

 

La Fin et le Commencement


Le Mal, la souffrance, la Mort, le Changement, le Monde -

ne sont que des bulles où l'Univers bout,

et seul l'Un est, fut, sera et demeurera :

l'Âme qui cherche

et l'Au-Delà recherché -

car ces deux grandes entités n'en font  qu' Une :

L'âme s'accroît pour embrasser l'Au-Delà.

L'Au Delà prends vie dans l'âme par la sagesse (l'action juste).

Et quand tous deux se rencontrent et ne forment plus qu'un Être,

alors peuvent être atteints Bonheur, Paix, la Fin et un Nouveau Commencement.

 

Traduit d'après l'adaptation anglaise de M. Kempe par E. Dupas



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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 19:55

 

Kudirka.jpg

 

Vincas Kudirka (1858-1899), poète lituanien

 

A mes Compatriotes

 

Si une tempête se déclarait et venait à faire tomber

l'un des piliers qui supportait votre foyer,

Ne fuyez pas, car l'édifice ne croulera pas pour si peu.

Il n'est que de le remplacer: trouvez un nouveau pilier,

et ainsi tout rentrera dans l'ordre.

 

Si aux mains de l'ennemi ou du sort

l'un de nos meilleurs venait à succomber - ne vous laissez pas miner;

Qu'un autre, camarade d'arme ou ami véritable,

s'avance et poursuive l'oeuvre immense

jusqu'au triomphe final.

 

Lithuanie !! En proie à d'implacables ennemis,

fais-toi pareille à l'Hydre, qui, perdant une tête,

en faisait repousser cinq plutôt qu'une.

Alors seulement tu survivras et ne t'inclineras pas

devant l'ennemi persuadé d'avoir vaincu !! 

 

 

Traduit de l'adaptation anglais de Dorian Rottenberg par E. Dupas

 

 

 

 



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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 18:58

 

JurgisBaltrusaitis.jpg

 

Jurgis Baltrušaitis Père  (1873-1944), poète lituanien

 

Petite Pâquerette

 

Petite pâquerette, à la neigeuse blancheur ,

pour m'égayer tandis que je vais ma route quiète,

sur la poussière des allées tu croîs en vigueur,

dressant peu à peu ta mignonne tête.

 

Sous le faix de la tristesse, certes je gémis;

mais à mon mal ta fleur a remedié.

J'ai trouvé en ce bas monde un ami,

je ne plus l'orphelin oublié.

 

Ma vieille pauvreté  disparait, pareillement

mes souffrances, et il me semble que la vie

est digne d'être vécue - adieu exils, tourments,

de cette terre sombre de mélancolie.

 

D'un rayon tu as empli mon coeur,

et je déambule d'un pas enjoué,

enjoué par la chanson naïve et sans rigueur

qu'à mon âme tu as alloué.

 

 

traduit de l'adaptation anglaise de D. Rottenberg par E. Dupas

 

 

 


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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 18:15

 

aspazija.jpg

 

Aspazija (1865 -1943), poètesse lettone

 

Telle je suis

 

Telle je suis, 

tantôt joyeuse comme un printemps,

tantôt  triste, si triste.

Tantôt de mes yeux jaillit une flamme rancunière

tantôt la lumière habite mes doigts.

Telle je suis.

En ce bas monde quotidien,

je suis une rose au milieu de tulipes.

Je suis un feu parmi des lampes éteintes.

Telle je suis.

 

traduit de l'adaptation anglaise par E. Dupas

 

 

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 17:28

 

caks_labaks1.jpg

 

Aleksandrs Čaks (1901-1950), poète letton

 

 

Elegie à la Fenêtre

 

Ce soir 

la lune

semble avoir mariné.

 

Une famille

au quatrième étage

fait jouer le gramophone.

 

De la rue

nous inondent crépuscule 

et fraîcheur.

 

Je me sens

pareil à un marin du Port de Bergen

qui regardant à ses jumelles

verrait de la glace.

 

Mais... Cependant je rêve
que je suis à Paris,
où l'on peut s'embrasser dans les rues.
Tu es une midinette,
Et moi - un médiocre poète;
nous sommes assis dans une chambre enfumée
et nous buvons le moins cher
des vins français.
Ma vie fantasque
te fait sourire.
Nous sommes à l'heure 
où les derniers promeneurs du Dimanche
s'en reviennent du bord de mer.
Des lampes
dansent dans les squares
par dessus les tilleuls.
Mais nous n'avons même pas un tilleul,
nous n'avons qu'un vieux myrte
et d'inutiles souvenirs 
dans le vase sur la table.
Et je suis aussi triste et douloureux
qu'une petite villageoise 
qui aurait perdu - son chat préféré...

traduit de l'adaptation anglaise d'Inara Cedrins par E. Dupas

 


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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 15:42

 

220px-Juhan Liiv

 

Juhan Liiv (1864-1913), poète estonien

 

 

Venez, ténèbres de la Nuit

 

Venez, ténèbres de la Nuit,

enveloppez-moi dans votre giron.

 

Mon soleil ne me connaît pas,

me voilà seul avec la Nuit.

 

Pas la moindre étoile dans ce nid,

uniquement ma misère.

 

Cachez-moi !

 

traduit de ll'adaptation anglaise par E. Dupas

 

 


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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 15:06

220px-Juhan Liiv

 

Juhan Liiv (1864-1913), poète estonien

 

Musique

 

Elle doit être quelque part, l'harmonie originelle,

quelque part dans la vaste nature, cachée.

Peut être est-elle dans l'infini impétueux,

dans l'orbite des étoiles lointaines,

dans le dédain du soleil,

dans une fleur chétive, dans le murmure des arbres,

dans le coeur d'une chanson maternelle

ou dans les larmes ?

 

Elle doit être quelque part, l'immortalité,

quelque part l'harmonie originelle doit pouvoir se trouver :

comment, sinon, pourrait-elle infuser

l'âme humaine,

cette musique ?

 

traduit de l'adaptation anglaise par E. Dupas

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 00:09

 

 under

 

 Marie Under (1882-1980), poétesse estonienne

 

 

Voeux de Nöel 1941

 

Je marche le long du silencieux et enneigé chemin de Noël,

qui traverse  de part en part le pays en souffrance.

Sur chaque seuil de maison, je voudrais poser mes genoux :

il n'est pas un foyer qui n'ait été piqué par le dard du chagrin.

 

L'étincelle de colère rougeoie sur les cendres de la tristesse,

l'esprit est tanné de colère, abruti de douleur :

impossible d'être pur comme Nöel

sur cette route blanche et pure comme Nöel.

 

Hélas, devoir vivre dans sa chair ces instants de pierre,

porter sur le coeur un tel couvercle de cercueil !

Même les larmes ne viendront plus maintenant :

ce don de miséricorde est mort lui aussi, et s'est évanoui.

 

Je suis comme une qui ramerait péniblement en arrière :

les yeux constamment rivés sur le passé -

en arrière, oui, - et cependant atteignant enfin la maison...

Mes parents, pourtant, n'ont plus où loger...

 

Je pense toujours à ceux qui ont été arrachés à ici...

Aux cieux résonnent les échos du cri de leur détresse.

Je crois que nous sommes tous coupables

de ce qui leur manque - car nous autres avons pain et lit !

 

Timidement, comme en un langage figuratif,

je demande sans y croire si  tout cela pourra passer:

Pourrons-nous, je le demande, jamais utiliser nos esprits

de nouveau pour la joie et le bonheur ?

 

A présent, lumière et ténèbres se rejoignent,

vers les étoiles le jour de la séparation monte.

Le couchant retient le premier signe de l'aube -

comme si, brusquement, la nuit s'étendait.

 

Toutes choses sont ardentes, sérieuses et sacrées,

les feuilles d'argent de la neige fondent sur mes cils en feu,

je sens que je m'élève toujours plus haut :

cette étoile, là bas, ne m'appelle-t-elle pas par mon nom ?

 

Et puis je sense qu'en ce jour, eux aussi

lèvent leurs yeux vers les étoiles, d'où j'entends

les salutations de mes parents, soeurs, frères,

en douleur et gémissant dans la prison de leur peur.

 

Ceci est notre parole, notre dialogue, ceci seulement

un signal brillant - oh, lis, et lis encore !

avec des milliers de bouches - comme si dans leur scintillement

les étoiles gardaient toujours la chaleur d'un souffle en elles.

 

Le champ de neige qui nous divise se rétrécit :

d'étoiles notre langage commun est composé...

C'est tout comme si nous étions partis les uns pour les autres,

comme si nous marchions et devions bientôt nous rencontrer sur la route.


Pour un instant,il mourra, ce "Quand ? Quand ?"

à jamais palpitant en toi  ta pitoyable situation,

et nous nous rencontrerons sur ce pont céleste,

face à face nous nous retrouverons, en cette Nuit de Noel.

 

traduit d'après l'adaptation anglaise par E. Dupas

 

 

 

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 00:07

 

 under

 

Marie Under (1883-1980), poétesse estonienne

 

 

Pleine lune

 

Pleinement éclatante est la lune.

Son poids incline les arbres.

Les eaux veulent être changées en vin,

elles sont si agitées.

 

Les rues respirent;

les maisons ont des ailes sur les épaules -

et voilà que tout devient festif :

 

des peaux de tigres

sont étendues dehors

sur les seuils.

Des drapeaux enneigés flottent

sur les toits.


Le voyageur porte un halo dans ses cheveux,

le chapeau dans sa main est chargé de rayons de lune.

Il arbore le manteau à carreaux

d'un arlequin.

 

Un chien pousse son ombre tortueuse

avec son museau laiteux;

quelle étrange odeur flotte -

lève-toi et attaque !

 

Le vieux canapé a des macules d'or,

les murs tremblent

ils sont faits d'eau, claire

et pure eau-

tout s'écoule

 

Des chaussures en verre -

j'entends leurs pas tintinnabulants

venir droit vers moi

 

au rebord de la fenêtre, prêt à bondir,

un gros chat blanc

aux yeux vert-menthe;

je sens sa patte sournoise

sur ma gorge.

 

Qui m'embrasse dans mon sommeil ?

L'Incube ! L'Incube !

Réveillée.

La barbe jaune de la lune

sur ma poitrine...

 

 

traduit de l'adaptation anglaise par E. Dupas

 

 

 


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