Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 00:03

 MirdzaKempe2.jpg

 

Mirdza Ķempe (1907-1974), poétesse letonne

 

Deux femmes indiennes

 

Pour la première fois, Rajiv emmena Sandili dans la simple maison qui était désormais la leur.

Comme elle avait dû attendre dans le foyer de son beau-père !  Voltigeaient à présent autour du foyer les cris de leurs deux petits enfants.

Rajiv demanda : " Ma Chère, mon épouse, quel désir te vient le premier en ce jour ?"

Sandili répondit ainsi : " Je sais que ce jour est le plus beau de toute ma vie. Nous allons bien, nous sommes jeunes et forts, nos enfants sont vigoureux, et nous sommes ensemble. Mais sans doute viendront l'âge et l'infortune.  Aussi, en ce jour, mon seul désir est la mort."


Pour la première fois, Nanda emmena Kamala dans la simple maison qui était désormais la leur.

Comme elle avait dû attendre dans le foyer de son beau-père !  Voltigaient à présent autour du foyer les cris de leurs quatre petits enfants.

Nanda demanda : " Ma Chère, mon épouse, quel désir te vient le premier en ce jour ?"

Kamala répondit ainsi : " Mon seul désir est de vivre ici, ensemble; d'accepter l'infortune, le bonheur, et d'attendre le vieillissement et la mort. Et, si jamais tu t'avérais le plus faible de nous deux, alors te servir."

 

 

traduit de l'adaptation anglaise par E. Dupas

 

 

 

Partager cet article
Repost0
20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 23:59

 belsevica_vizma-copie-1.jpg

 

 Vizma Belševica (1931-), poétesse lettonne

 

 

Motif Médiéval : Inquisition

 

Je crois. Mais le symbole de la foi est - une croix.

Dissentiment, cri entre le complot latéral de la terre

et la ligne qui cherche à atteindre directement le ciel.

Dissentiment,  silence entre la racine sombre

et la fleur qui cherche le soleil.

Je repose sur des clous. Devenant du sang - la croix.

Ma joie et mon tourment. Récompense et châtiment.

Je crois, uniquement en tant  qu'hérétique.

  


     traduit de l'adaptation anglaise par E. Dupas

 

 

 

 


 

Partager cet article
Repost0
17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 23:00

 edwin-muir.jpg

 

Edwin Muir (1887-1959), poète écossais

 

 

L'Homme de Bien en Enfer

 

Si un homme de bien devait résider en Enfer

par une nécessaire erreur d'appréciation,

peut être pour confirmer la règle, humilier le diable,

ou pour qu'il y dise la vérité que seul un étranger voit,

 

Remplirait-il, s'abandonnant vite à la haine évidente,

la moitié de l'éternité de cris et de larmes,

ou regarderait-il anxieux le petit guichet de l'Enfer,

patiemment les dix milles premières années,

 

sentant la malédiction le prendre lentement à la gorge,

et qui , prononcée, le damne au mal sans rémission,

forçant sa langue à réciter des prières par coeur,

l'éternité entière encore devant lui  ?

 

Est-ce qu'enfin, devenu fidèle dans sa station,

il allumerait un peu d'espoir dans l'Enfer désespéré,

et sèmerait parmi les damnés le doute de la damnation, 

puisque que quelqu'un là bas pourrait vivre, et bien vivre ?

 

Un doute diabolique abattrait une telle grâce,

ouvrirait une telle porte, et l'Eden pourrait alors entrer,

l'Enfer devenir un lieu comme les autres,

et l'amour et la haine et la vie et la mort commencer.

 

traduit de l'anglais par E. Dupas

 

 

 


 

Partager cet article
Repost0
17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 18:24

Spike-Milligan-6.jpg

 

Spike Milligan (1918 - 2002), poète et humoriste britannique

 

 

On the Ning Nang Nong 

 

Sur le Ning Nang Nong

où les vaches font "Bong !"

et  tous les singes "Bouh" !

il y a un Nong Nang Ning

où les arbres font "Ping" !

et les théïères "Djib Djouh !".

Sur le Nong Ning Nang

les souris font "Clang"

et pas moyen de les attraper

quand elles le font !

Alors c'est le Ning Nang Nong

Les vaches font "Bong"

 Nong Nang Ning

les arbres font "Ping"

Nong Ning Nang 

Les souris Clang ! 

Quel endroit pour une maisong

que le Ning Nang Ning Nang Nong !! 

 

traduit de l'anglais par E.Dupas

 

 


 

 


Partager cet article
Repost0
8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 10:56

Hugo-Claus.jpg

 

Hugo Claus (1929 -2008), écrivain flamand

 

 

Ostende

 

 

C'est là que mon existence commença à tomber en déliquescence.

J'avais dix-neuf ans, je dormais

à l'Hôtel de Londres, sous les combles.

Le paquebot passait sous ma fenêtre.

Chaque nuit la ville s'abandonnait

aux vagues.

 

J'avais dix-neuf ans, je jouais aux cartes

avec les pêcheurs qui rentraient d'Islande.

Ils venaient du grand froid,

les oreilles et les cils pleins de sel, et

mordaient dans des quartiers

de porc cru.

Ah, le cliquetis des dés. En ce temps

de vogelpik et de poker, j'étais toujours gagnant.

 

Ensuite, à l'aube, j'allais longeant la cathédrale,

cette chimère de pierre et de peur,

longeant la digue déserte, le Kursaal.

Les cafés de nuit

avec leur croupiers aux yeux caves,

les banquiers ruinés,

les anglaises poitrinaires

en montant de la nappe turquoise de la mer

les cris cruels des mouettes.

 

"Entre donc, monsieur le vent",

crie gaiement un enfant

et sur Ostende souffle un nuage

de sable venant de l'invisible vis à vis

la brumeuse Angleterre,

et du Sahara.

 

Longeant les façades des pharmaciens qui viendaient

en ce temps là des condoms en murmurant,

longeant l'estacade et les brise-lames,

la minque et ses monstres marins,

l'hippodrome où je cessai un dimanche

de gagner.

 

Dimanches qui allaient et venaient.

Nuits à l'Hôtel des Thermes

où je m'effrayais de ses gémissements,

de ses soupirs, de son chant.

Sa voix continue à hanter mes souvenirs.

 

J'ai connu d'autres Îles, mers, déserts,

Istanbul, ce château en Espagne,

Chieng-Maï et ses mines terrestres,

Zanzibar dans la chaleur de la cannelle,

la lente lenteur du Tage. Ils disparaissent

sans cesse.

 

Plus nettement dans la lumière du Nord

je vois le visage enfantin

du Maître d'Ostende caché dans sa barbe.

Il était de cartilage,

puis il fut de cire,

aujourd'hui de bronze.

Le bronze où il sourit

à la pensée de sa jeunesse raide morte.

 

 

(traduit du néérlandais par Vincent Marnix, Castor Astral,1999)

Partager cet article
Repost0
5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 14:58

 

viiding3.jpg

 

 

Elo Viiding ( 1974 - ), poètesse estonienne

 

 

 

Une femme fatiguée...

 

 

*

Une femme fatiguée dans le bus

compare ma poitrine

avec celle de sa fille

compare mes chaussures

avec celles de sa fille

compare mes yeux

avec ceux de sa fille

compare nos vies

avec la sienne

compare sa vie

avec une douleur incomparable

le bus tourne

et prend une décision

et prend une décision

*

 

 

traduit de l'adaptation anglais par E. Dupas

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 11:28

leon.jpg

 

Rafael de Leon (1908-1982), poète espagnol

 

 

Petite ballade des trois poignards (Baladilla de los tres puñales)

 

 

J'ai acheté trois poignards

pour que tu me donnes la mort...

 

Le premier, Indifférence,

est un sourire qui va et vient

et s'enfonce dans la chair

comme une rose de neige.


Le second : la Traîtrise;

mon dos le pressent déjà,

laissant sans printemps

un arbre aux nervures vertes.

 

Et le dernier, d'acier froid,

si jamais tu as le courage,

de me laisser, face à face,

amour, faire présent de mon corps.

 

J'ai acheté trois poignards

pour que tu me donnes la mort...

 

traduit de l'espagnol par E.Dupas

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 19:44

220px-Juhan_Liiv.jpg

 

Juhan Liiv (1864-1913),  poète estonien

 

Vagues

 

"- Ne me pousse pas si fort !"

dit une vague à une autre.

- Pourquoi es tu toujours à me pousser ?

Laisse-moi tranquille."

 

"- Mais je ne pousse personne,

c'est moi que l'on pousse.

La mer est pleine de vagues comme nous

s'y opposer serait vain."

 

 

traduit de l'anglais par E.Dupas

 

 


Partager cet article
Repost0
14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 23:20

 

unamuno.jpg

 

Miguel de Unamuno (1864-1936)

 

Le corps chante

 

Le corps chante;

le sang hurle;

la terre bavarde;

la mer murmure;

le ciel se tait

et l'homme écoute.

 

traduit de l'espagnol par E.Dupas

 

 


 

 

Partager cet article
Repost0
13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 00:48

under.jpg

 

Marie Under (1883-1980), poètesse estonienne

 

Question

 

A la faible et tiède lueur du soleil d'octobre,

Nous vîmes ces baies mûres et rougeoyantes

comme le sang, ces baies qui croissaient à pleine force

sans soupçonner la venue prochaine des nuages d'hiver.

 

Soudain une rafale de vent bouscula ces lourdes grappes:

quelques unes éclatèrent, tombant au sol sur

l'herbe fanée, tandis que sous les branches gisaient

des feuilles d'or chargées de baies violettes.

 

main dans la main nous grimpâmes la colline ensemble;

chahutés par les capricieuses et mauvaises bourrasques,

les yeux dans les yeux, transis d'angoisse, nous nous demandâmes alors :

 

notre amour si frais, qui fleurit pour l'heure d'un rouge si joyeux, 

les vents de cette vie le rudoyeront-t-il comme ces baies,

ou choiera-t-il dans la glèbe de la tombe, pour durer ?

 

 

 


Partager cet article
Repost0

Racbouni

  • : Le blog de poesie-et-racbouni.over-blog.com
  • : Plus qu'un simple réceptacle du cru de l'auteur E. Dupas, le blog de Poésie et Racbouni est la fenêtre francophone la plus grande ouverte sur la poésie mondiale du web : Europe, Amériques, Chine, Afrique, Océanie, rien n'est exclu. De Borges à Bukowski, en passant par Kwesi Brew, Hone Tuwhare, Juhan Liiv, Richard Brautigan ou Bai Juyi, découvrez (ou redécouvrez) les plus grands poètes des quatre coins du monde adaptés en français par l'auteur.
  • Contact

Recherche

Archives