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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 23:41

 


Homo Oeconomicus

 

 

marqué au fer rouge de la rationalité

condamné à l'économie

 l'Homme rôde et va calculant
dans la jungle vertigineuse des propositions


et c'est d'une machette hésitante
 qu'il se fraie son chemin
en ce monde de carrefours
qui n'aboutissent qu'à d'autres carrefours
jusqu'à l'abîme indicible du néant

balance de fer constamment à l'oeuvre
dans notre for

sous l'implacable appréciation

de la reine Utilité
toujours prête à comparer
l'avantage, le coût
le coût et l'avantage


rien n'échappera jamais au crible
de cette impartiale tyrannie

 

 calculant calculant

 

nous allons toujours calculant


Homme pauvre sisyphe

mathématicien
 qui soulève encore et toujours
la pierre du résultat
  mesurer, peser, estimer,
trier, évaluer, soupeser, négocier,
avancer, reculer, et s'interroger encore

une once d'amitié
vaut elle cent grammes de solitude ?

dans le bazar des croyances
où se vend la plus confortable des vérités,
celle qui donnera le plus contre le moindre martyr ?

et les lèvres de l'élue
valent elles cette longue, pénible et ruineuse cour

 victoire pyrrhussienne
quand tant d'autres sirènes,
promettent d'aussi faciles baignades ?

le concert du soir passé le ventre creux
vaut il le bon repas fumant du logis ?

calculant calculant


La pomme volée n'est elle pas plus goûtue que la pomme payée ?


  la punition est elle plus amère que la soumission aux sinistres règles du jeu ?

et devant le semblable,
dans l'étau familial
dans le théâtre des connaissances
nobles déchus
triomphante canaille
ces visages infamiliers
que d'oscillations encore


La langue devra t-elle user des mots qui rampent, qui léchent et qui flattent

devrons nous nous farder du mensonge, nous masquer d'un sourire d'une haine
 la bouche ne ferait elle mieux de vomir un torrent de mépris
ou se clore comme une prison

 

laisser le dernier mot à la kalashnikov

ou lui offrir une poitrine éclatante de vérité ?

 

ces astreintes à l'étude
 catapulteront elles un jour vers le confort
où ne sont ce que sables mouvants ?

et quel métier épouser quand il en est cent mille millions ?

ne ferait on mieux de prendre épouse maintenant
qui partagera la soupe et la lente érosion des sens
 nous tiendra la main quand il faudra dire adieu à ce monde

a moins que l'on préfère
les invisibles interlocuteurs de la solitude

consentirons nous que cette insignifiante semence
produise un jour un être au lieu que de la petite mort ?

et pourquoi un être plutôt que deux, que dix ?

larguer les amarres pour voguer  vers les contrées profitables
ou honorer la mère patrie et tenir son poste


ou s'incendier dans les flammes du refus


l'exil, la résignation, le combat

tout est calcul
jusqu'à ce poème

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