Dulce Maria Loynaz (1902-1997) , la bienveillante
Dulce Maria Loynaz naît en décembre 1902 à la Havane, dans un milieu bourgeois libéral. Elle est la fille du général de l'Armée de Libération Nationale Enrique Loynaz del Castillo et la soeur du poète Enrique Loynaz Muñoz. Son enfance est plutôt recluse,car elle étudie sous la conduite de tuteurs sans avoir à quitter son domicile. Mais très tôt, Dulce Maria est attirée par la poésie (une libération pour elle, comme en atteste l'explicite profession de foi du poème"dans mon vers je suis libre") et se lance dans l'écriture.
Talent précoce, elle publie ses premiers poèmes à 17 ans, dans la Revue cubaine La Nación, en 1920. Au cours de la même année, elle visite les Etats Unis et de nombreux pays d'Europe. En 1927, elle passe et réussit les examens du doctorat en Droit Civil à l'Université de la Havane; à l'âge adulte, elle exercera à contrecoeur la profession d'avocate jusqu'en 1961.
en 1929, à la suite d'un long voyage l'ayant conduite jusqu'en Egypte, elle écrit l'un de ses plus célèbres poèmes, une lettre d'amour au pharaon Toutânkhamon, sous la forme d'un poème, Carta de amor a Tut-Ank-Amen.
En 1938 paraît son premier recueil, Versos. 1920-1938.
En 1950, Dulce Maria publie des chroniques hebdomadaires dans le journal El País y Excélsior. Elle collabore également à de nombreuses revues nationales . Invitée par l'Université de Salamanque, elle assiste en 1953 à la célébration du cinquième centenaire de la naissance des rois catholiques espagnols.
Loynaz est élue membre de l'académie Nationale des arts et des lettres en 1951, de l'académie cubaine de la langue en 1959 et de l'académie royale espagnole de la langue en 1968. Elle a animé de nombreuses conférences et lectures, tant à Cuba qu'en terres hispano-américaines et ne s'est pas privée de voyager au fil des années, notamment en Orient ( Turquie, Lybie,Palestine, Egypte). Peu versée dans la politique, Loynaz se fend néanmoins en 1950 du pamphlet Les Corridas à Cuba, où elle prend position contre l'instauration de la tauromachie dans l'Île.
La plus célèbre des poétesses cubaines (traduite en anglais mais hélas si méconnue en France) a par la suite reçu une longue liste de distinctions littéraires (l'Ordre de Carlos Manuel de Céspedes, Distinction de la Culture Nacionale, Medaille Alejo Carpentier, décoration de l'ordre d'Alfonso X le sage (Espagne, etc.). Pour l'ensemble de son oeuvre, elle fut récompensée du prix national de littérature, du prix de la critique en 1991 et finalement du prix Miguel Cervantes en 1992.
Dulce Maria Loynaz décède à la Havane en avril 1997.
Dans un siècle poétique où l'hermétisme et les recherches langagières les plus sophistiquées, les plus absconces ont fait florès jusqu'à l'absude, l'oeuvre de Loynaz a le grand mérite de la
simplicité; elle réussit le tour de force de toujours demeurer accessible et compassionnelle sans jamais tomber dans la mièvrerie. A l'aise dans la versification comme dans le vers libre ou la
prose, Loynaz pose souvent dans ses textes un regard humain sur des figures mutilées ou marginales (la femme stérile, la femme boiteuse, le bossu, etc.) dans lesquelles elle trouve et révère la
grâce, mais elle sait aussi célèbrer le monde, le rêve et l'amour avec une économie d'images et une richesse d'évocation remarquables. Elle demeure fondamentalement une "bienveillante".
Quelques poèmes de Dulce Maria Loynaz traduits en français :
Archange
Saint Michel
Ballade de l'Amour Tardif
Cataclysme
Dans mon vers je suis libre
La femme de
fumée
le madrigal de la fille boiteuse
le petit
difforme
Toi, ma paix
(sources : http://www.los-poetas.com/m/biodulce.htm, http://fr.wikipedia.org/wiki/Dulce_Mar%C3%ADa_Loynaz)