Wiliam Blake (1757-1828), poète britannique Un arbre empoisonné J'étais en colère contre mon ami: je dis mon courroux, et mon courroux s'évanouit. j'étais en colère contre mon ennemi: Je tus mon courroux, et mon courroux grandit. Et je l'arrosai avec...
Les limbes de vase. I) Tu erres. Tu erres dans des limbes de vase, perclus d'angoisse, et parfois l'apaisement te vient, comme une toux, comme un hoquet dans la rumination mentale qu'impose les grandes marches dans le désert. Ca ne dure jamais. Ce désert...
Jean Lorrain (1855-1906) Personnage excentrique de la Belle Epoque, Jean Lorrain (pseudonyme) était à la fois chansonnier, critique d'art, journaliste, romancier précieux et poète pédantesque. Il cumulait à plaisir dandysme mondain, homosexualité affichée,...
Octavio Paz (1914-1998), poète mexicain Nuages Îles du ciel, souffle en un souffle suspendu, d'un pied léger, semblable à l'air, marcher sur leurs plages sans laisser plus de trace que l'ombre du vent sur l'eau ! Et comme l'air entre les feuilles se perdre...
Les faux amants Le lucide l'éperdue La lucide l'éperdu vont faussement main dans la main de par les rues l'éperdue, qui se borne à souffrir, aime cent fois plus le masque du lucide que sa lucidité la lucide, embarassée n'en finit plus de soupeser les...
Epigramme Et les Vautours s'en revinrent, intouchables de la hiérarchie des anges, Dévorer la carcasse si bien faisandée par le Soleil, Obombrant de leurs ailes la savane nubile, Une. Ce frisson quand , déployant leurs ailes qui ont la majesté de la Mort,...
Sabine Sicaud (1913-1928) Ah, laissez moi crier ! Ah, laissez moi crier, crier, crier, crier à m'arracher la gorge ! crier comme une bête qu'on égorge comme le feu martyrisé dans une forge comme l'arbre mordu par les dents de la scie comme un carreau...
Jean Pierre Claris de Florian (1755-1794) La brebis et le chien La brebis et le chien, de tous les temps amis, Se racontaient un jour leur vie infortunée. Ah ! Disait la brebis, je pleure et je frémis Quand je songe aux malheurs de notre destinée. Toi,...
A une pèlerine chinoise Vagabonde tondue, tu rayonnes dans ta toge de feu rouge au milieu du vaste troupeau des consommateurs de Pékin la panse calmée de doux jiaozis, l’échine pliant sous le sac de briques Coolie de la condition humaine, qui chemine...
Depuis la digue La chienne qu'est la mer lape sans fin le sable la chienne qu'est le sable boit sans fin la mer et le chien qu'est le vent aboie sans fin sur la digue et la chienne qu'est la digue attend sans fin le vent et le chien qu'est le nuage fuit...
Nazim Hikmet (1902 - 1962) Au dessus de la mer Au dessus de la mer le nuage bariolé sur la mer le bateau d'argent au dedans de la mer le poisson jaune tout au fond de la mer l'algue mauve et devant un homme nu et debout se demande serai je le nuage ?...
Métaphysique liquide Dans un interminable boyau rose aqueux L'Homme avance en combinaison de plongeur : c'est la civilisation; avec un poulpe dans chaque oreille : c'est le langage. à ses trousses, d'excellents nageurs, fruits d'une antique et mauvaise...
Ernest d'Hervilly (1839-1911) Le Zèbre Le zèbre pétulant aux ruades bizarres me fait l'effet d'un âne ôté vivant d'un grill quand le fer l'eût marqué d'ineffaçables barres et qui se souviendrait de ce cuisant péril. Il a des soubresauts d'êtres fuyant...
Octavio Paz (1914-1998) Semences pour un hymne : Tes yeux (1943-1948) Tes yeux sont la patrie de l'éclair et de la larme, silence disert. Tempêtes sans vent, mer sans vagues, oiseaux prisonniers, fauves dorés endormis, topazes impies comme la vérité....
Pierre Reverdy (1889-1960) Dans ce Désert (Bois vert, 1949) Ce regard qui m'a laissé son dard dans le flanc ce dard qui n'en sort pas cette tête inspirée qui tient tout l'horizon le plat bord de la nuit qui me sert de bâillon et la soif de bonheur qui...
Octavio Paz (1914-1998) L'Absent I Dieu insatiable que mon insomnie alimente; Dieu desséché qui rafraîchis ta soif éternelle dans mes larmes, Dieu vide qui frappes mon sein avec un poing de pierre, avec un poing de fumée, Dieu qui m’abandonnes, Dieu désert,...
Octavio Paz (1914-1998) Vision du Rédacteur Et remplir toutes ces feuilles blanches qui me manquent avec toujours la même, monotone question : « A quelle heure est ce terminé ? » Et les antichambres, les mémoriaux, les intrigues, les démarches auprès...
Louis Veuillot (1813-1883) Poids de la Vie J'ai vécu, j'ai vieilli. De l'humaine misère J'ai porté le fardeau tous les jours. Il est grand ! Sans en excepter un, j'ai refait en pleurant Tous les chemins heureux que j'avais sur la terre. Je sais ce qu'ici-bas...
Joyce Mansour (1928-1986) Quel Phallus Quel phallus sonnera le glas Le jour où je dormirai sous un couvercle de plomb Fondue dans ma peur Comme l’olive dans le bocal Il fera froid métallique et laid Je ne ferai plus l’amour dans une baignoire émaillée...
Le jardin des Poissons Surprenants . Toute la nuit, j'avais nettoyé le Jardin Des Poissons Surprenants. Comme d'habitude, cela avait consisté d'abord à passer de long jets d'eau sur les impluviums toisés de chérubins de bronze et rongés de verdure, puis...
Les Anges Voletant, voletant, au royaume flottant des nuages, les anges délirent et font résonner leurs glorieux binious. dans l'éternité d'Ether ils soufflent et poussent des you-you -c'est pour que Dieu n'entende pas notre humble et vain message !-...
"Un jour j'abrogerai" Un jour, j'abrogerai cette douleur qui clapote dans ma poitrine D'un coup de pédale sur le Vélo de la Fortune ! Dans ma course,j'écarterai les eaux noires purulentes de la Misère, majestueux, irréfragable, et les laisserai retomber...
Octavio Paz (1914-1998) Oubli Ferme les yeux et perds toi dans l'obscurité sous le feuillage rouge de tes paupières. Enfonce toi dans ces spirales du son qui bourdonnne et tombe, et rêve là bas, lointaine, jusqu'au site du tympan, comme une cataracte...
Une vie " Ah, l'intolérable condition humaine..." "Pas déjà l'existence !" s'écrie la boulette que Dieu a tiré de la boue du néant puis placé dans le ventre d'une femme "je m'étais à peine habitué au néant !" "Pas déjà croître!" s'écrie le foetus, pur...
Claude Roy (1915-1997) Limerick des gens excessivement polis Excusez moi je vous prie disait le monsieur très Poli tout ourlé de bonnes manières quand il croisait un dromadaire Je suis charmé vraiment ravi disait le Monsieur si Gentil en rencontrant rue...
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