齊豫 : 戲子 (Qi Yu : L'Acteur) Traduction de E. Dupas : Ne crois pas à ma beauté, je te prie, et ne crois pas non plus à mon amour sous mon visage fardé de maquillage j'ai de nombreux coeurs d'acteurs méticuleux Aussi, je te demande de ne pas prendre au sérieux...
Josefina Pla (1903-1999) Tout a commencé dans le miroir. Tout a commencé dans le miroir. Dans la paume indifférente de l'eau le nuage a simulé des îles, les fondements d'un arc en ciel. Tout a commencé dans le miroir. Dans le ciel l'escroquerie de la...
Josefina Pla (1903-1999) Les Portes ...Un enfermement de portes a droite et à gauche; un enfermement de portes silencieuses toujours à contretemps, toujours un peu avant ou un moment trop tard; jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une, la seule ponctuelle,...
Haikus de Ty Hadman : Auto Stop en Hiver dans mes vêtements rapiécés sans-abri et chômeur prêt pour l'hiver ! L'hiver qui s'approche ; des clochards blottis autour du feu Errance dans l'hiver ; tasse après tasse de café chaud aller sans abri auto-stop...
Julia de Burgos (1914-1953) Río Grande de Loíza Río Grande de Loíza ! Allonges toi sur mon esprit et laisse mon âme se perdre en tes ruisseaux pour chercher la source qui t'a volé enfant, et t'a rendu ton chemin follement impétueux. Enroules toi sur mes...
Julia de Burgos (1914-1953) Il n'y a pas d'abandon Elle est morte la ténèbre dans mes pupilles, depuis que j'ai trouvé ton coeur à la fenêtre de mon visage malade. Oh, oiseau d'amour, aux trilles profondes, comme un clairon total et solitaire, dans la...
Julia de Burgos (1914-1953) Chanson de mon ombre minuscule Parfois la vie me veut éclater en chansons d'angoisse inespérée ! Je voudrais me tapir dans le secret de mes peines lancinantes comme des étoiles, mais mon âme ne peut atteindre le silence du...
Josefina Pla (1903-1999) Je suis Chair transie, opaque baie vitrée de tristesse, eau qui fuit du ciel en perpétuel frisson; vase qui ne sut pas se remplir de pureté ni s'ouvrir grand aux noirs torrents de l'horreur. Yeux qui ne servirent de rien pour...
Julia de Burgos (1914-1953) A Julia de Burgos Déjà, les gens murmurent que je suis ton ennemie, parce qu'ils disent que dans mes vers je donne ton Je au monde. Ils mentent, Julia de Burgos. Ils mentent, Julia de Burgos. Ce qui s'élève dans mes vers n'est...
Dulce Maria Loynaz (1903-1997), poétesse cubaine La femme de fumée Homme qui m'embrasses, il y a de la fumée dans tes lèvres. Homme qui m'enlaces, il y a du vent dans tes bras. Tu as clos le chemin, j'ai continué au loin; tu as élevé une tour, j'ai continué...
Julia de Burgos (1914-1953) Chanson nue Réveillée des caresses, je sens encore en mon corps ton étreinte me parcourir. frémissante et légère je continue d'avancer dans ton image. Il fut si profondément instinctif mon simple appel ! De moi ont fui les...
Dulce Maria Loynaz (1903-1997), poétesse cubaine Le petit difforme Le petit difforme connaît toutes les pierres du jardin; il les a senti sur ses genoux et entre ses mains déjà squameuses de reptile humain. jeté sur la terre il semble un ange brisé, l'ange...
Octavio Paz (1914-1998) Entre la Pierre et la Fleur (1976) I) Au lever du jour, nous nous éveillons pierres. Rien, sinon la lumière. Il n'y a rien sinon la lumière contre la lumière. La Terre : paume d'une main de pierre. L'eau silencieuse dans sa tombe...
Dulce Maria Loynaz (1903-1997), poétesse cubaine Ballade de l'amour tardif Amour qui arrive tardivement, apporte moi au moins la paix : amour retardataire, par quel errant chemin arrives tu à ma solitude ? Amour qui m'a cherché sans te chercher, je ne...
Oscar Venceslas de Lubicz-Milosz (1877-1939) Danse de singe Au son d'une petite musique narquoise, sautillante, essouflée, tandis qu'il pleut, tandis qu'il pleut de la pluie pourrie, Saute, saute, mon âme, vieux singe d'orgue de barbarie, petit vieillard...
Dulce Maria Loynaz (1903-1997), poétesse cubaine Cataclysme Le soleil a craqué et un ruisseau d'or tombe sur mon coeur. C'est un or brûlant qui saute sur les nuages se brise en étincelles, qui mord mon sein avec beaucoup de petites dents incendiées. Le...
Achille Chavée (1906-1969) Histoire Simple Maintenant je suis un grand animal blessé dans la jungle du temps et je m'avance comme un tigre vers Dieu en déniant son existence Nul ne croit à ma démarche Nul ne sait que je m'avance vers un gouffre qui dépasse...
Dulce Maria Loynaz (1903-1997), poétesse cubaine Toi, ma paix Toi, ma paix... Huile sur ma mer en remous, goût, sel de ma vie. Toi, miroir miraculeux qui ne reflète pas mes ténèbres et refléchis la lumière qui n'est pas mienne... Toi, jasmin endormi......
Jean Claude Pirotte (1939-) La Vallée de misère (extrait) J'écris dans la cuisine de ce logement triste que j'occupe depuis 2 ans et demi presque au bord du vieux canal quelquefois je promène ma solitude en laisse et je vois dériver sur un reflet de ciel...
Adrian Miatlev (1910-1964) Dieu n'est pas avec ceux qui réussissent Je commence à en avoir marre Qu'on me parle de tous ces gens qui réussissent Qui s'enrichissent, qui montent, qui montent Qui prospèrent dans tous les domaines J'en ai marre qu'on ait...
Giconda Belli (1948- ), poétesse nicaraguayenne Châteaux de Sable Pourquoi ne m'as tu pas dit que tu étais en train de bâtir ce château de sable ? C'eût été si beau pouvoir entrer par son petit portail, parcourir ses couloirs salés, t'attendre aux parterres...
Ernest Chausson : Les heures (Mélodie interprétée par Philippe Jaroussky) Les pâles heures sous la lune En chantant jusqu'à mourir, Avec un triste sourire, Vont une à une Sur un lac baigné de lune, Où,avec un sombre sourire, Elles tendent,une à une, Les...
Adrian Miatlev (1910-1965) Ravages Délicats Le citadin est imbu de sa supériorité et le paysan est persuadé de sa supériorité. Le bourreau est tout sacré de sa superiorité et la victime est toute sainte de sa superiorité. L'homme fourbe est tout savant...
Revanche-spectacle Ding ! Ding ! Simultanément on sonne le 1er round du combat et le glas de toutes les vieilles justifications Le public sous la voûte sombre empaqueté dans les gradins du Stade du Recouvrement de la Dignité trépigne et tremble en attendant...
Leo Zelada (1970-), poète péruvien Chouette blanche Le souffle du cyprès m'apporte en cet instant un calme rafraîchissant cela fait longtemps que je ne me suis pas senti seul sur le banc d'un parc. Cela fait trop longtemps que je ne sors pas le soir imprègner...